La difficulté de se soigner en France

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Bien que notre pays soit classé 7ème puissance mondiale par son PIB, 55% des français ont déjà renoncé à au moins une de leur dépense de santé (sondage réalisé par Opinion Way en mars 2019). Ainsi, plus de la moitié de la population ne peut se soigner de façon satisfaisante, et n’engage pas ou interrompe une démarche de soins bien qu’elle en est besoin. Nous parlons alors de « Renoncement aux soins ». Mais cela entraine des dépenses supplémentaires de santé à moyen et long terme en plus d’être une source d’inégalité. Les autorités et acteurs de la santé nationale prennent ce problème très au sérieux. Les soins dentaires ou d’optique sont les plus touchés devant les consultations et l’achat de médicaments.

Les causes du renoncement aux soins 

La charge financière.
Aujourd’hui, plus de 95% de la population bénéficie d’une complémentaire santé. Cependant, le reste à charge pour l’assuré est parfois trop important. Le secteur dentaire est particulièrement incriminé. La part remboursée des prothèses par la Sécurité sociale est très faible et les mutuelles ne couvrent pas la totalité de la facture. 

Les charges de nombreux praticiens ont augmenté, engendrant alors une multiplication des dépassements d’honoraires notamment parmi les spécialistes du secteur 2. Cette hausse des coûts des consultations génère aussi un abandon de soins. 

La difficulté de se soigner touche avant tout les personnes qui disposent des revenus les plus faibles. Certes l’écart entre les plus riches et les plus pauvres a diminué avec l’instauration de la CMU (Couverture Maladie Universelle), de l’Aide à la Complémentaire Santé ou prochainement la mise en place du RAC 0 (reste à charge zéro ou 100% santé). 

L’absence de généralisation du tiers payant demeure aujourd’hui une vraie problématique pour une partie de la population. Pour des dépenses de santé importantes, l’avance des frais n’est pas toujours envisageable pour le budget d’un ménage. Quand bien même, l’assuré est remboursé à postériori (équipement en optique, en audioprothèse, achat d’un fauteuil roulant…par exemple), pour certains, une telle dépense doit être anticipée et parfois nécessite de solliciter une demande de prêt.

La désertification médicale.
De nombreuses régions françaises sont affectées par le problème des déserts médicaux. Dans certains départements par exemple, le délai pour un rendez-vous avec un ophtalmologue peut atteindre un an. Faute de praticiens disponibles ou de rendez-vous obtenus dans des délais raisonnables, les patients préfèrent renoncer à se soigner. L’inégale répartition des professionnels de santé sur le territoire affectent principalement les zones rurales. Les personnes les plus fragiles ou esseulées ne peuvent se rendre à des consultations trop éloignées de leur domicile, la logistique nécessaire les décourage et ils se privent de soins adaptés. 

On note que rapidement un cercle vicieux se met alors en place. L’absence de suivi médical régulier entraine un éloignement du système de santé. Ce problème engendre des effets personnels sur les patients privés d’un bon suivi médical mais aussi sur la collectivité. En effet, l’état d’un malade pris en charge trop tardivement ou mal accompagné engendrent des coûts pour tous (dépenses hospitalières, arrêts de travail…).

Conscients de l’enjeu que soulève cette problématique, les différents gouvernements ou pouvoirs étatiques s’évertuent à proposer des solutions pour permettre à tous un meilleur accès aux soins. 

Les solutions : Des aides méconnues

Face à ce constat alarmant, des solutions pourtant existent. Depuis quelques années, les pouvoirs publics mais aussi des organismes comme les complémentaires santés ou des associations œuvrent pour un meilleur accès aux soins.  

Les gouvernements ont successivement pris des mesures dans ce sens. Ainsi en 1999 est créée la CMU. Si en 1978, la loi avait généralisé l’Assurance maladie pour tous, ce nouveau texte offre deux nouveautés. Désormais pour être pris en charge par l’Assurance maladie (CMU de base) la seule condition requise est de résider en France. Parallèlement les pouvoirs publics reconnaissent que pour se soigner convenablement, il est nécessaire d’avoir une mutuelle. La CMU-C est alors instaurée, une complémentaire santé est donnée gratuitement aux personnes dont les ressources sont inférieures à un certain plafond. Il existe aussi depuis 2005, l’ACS (Aide à la complémentaire santé) qui permet une aide financière pendant un an au paiement d’une complémentaire. Dans le cadre de la simplification des démarches à la fin de l’année, ses deux entités fusionneront. 

Plus récemment, lors de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait promis le remboursement intégral des prothèses dentaires en 2021. Premier pas vers ce reste à charge de zéro euro, le plafonnement des tarifs des couronnes est entré en vigueur au 1er avril 2019.

Des aides plus spécifiques sont aussi accessibles dans le cadre de fonds sociaux des Régimes obligatoires, des Caisses de Retraites ou bien même des Mairies. Ces prestations sont ouvertes à tous sous conditions de ressources, d’âges, de résidence, du taux d’invalidité… (il est possible de faire appel à des simulateurs d’aide à l’image de celui proposé par Aide-sociale.fr : https://www.aide-sociale.fr/simulateur)

L’Assurance Maladie, a également mis en place par l’intermédiaire de ses agents d’accueil un accompagnement spécifique pour ses assurés qui en ont le plus besoin. La ville de Paris notamment a ouvert une ligne téléphonique dédiée pour permettre aux professionnels de santé de signaler des cas en urgence médico-administrative à la CPAM. Certains départements à l’instar du Tarn mettent au point des cellules de crises pour aider les plus démunis dans leurs démarches (écoutes, montages financiers…). (Aides financières individuelles : les modalités pour en bénéficier – ameli.fr)

Le médecin traitant a aussi un rôle à jouer, dans le cadre des relations de proximité avec son patient. Il peut s’assurer que ce dernier est à jour dans ses droits ou l’orienter vers des spécialistes qui pourront l’assister dans ses actions. 

On peut cependant regretter que ces aides soient trop souvent méconnues : complexité des démarches, stigmatisation des bénéficiaires, numérisation des demandes qui effraie les personnes peu à l’aise avec l’informatique…Les facteurs de non recours à ces aides sont nombreux. Trop de personnes manquent d’informations et/ou sont découragées par des démarches administratives complexes*(*rf Aide-sociale.fr) .

Fidèle à sa vocation, Mutuelle Bleue a mis en place un Service d’Action Sociale qui intervient en toute confidentialité auprès des adhérents en situation financière difficile liée à un état de santé. Depuis 2 ans ce service est complété par un dispositif de mise en relation avec une assistante sociale dont le rôle est de les épauler dans leurs démarches. Ce Service est totalement gratuit et confidentiel. Enfin, promouvoir et améliorer la santé des adhérents c’est également leur donner les moyens d’être acteur de leur santé. Des actions d’éducation et de prévention axées sur le bien-être sont mises en place, dont vous pouvez retrouver le programme sur www.mutuellebleue.fr rubrique Actus et prévention ou sur la page Facebook de Mutuelle Bleue.